1 janv. 2011

Maquette de jonque

Les jonques

C'est en Extrême-Orient que naquit la jonque, inventée par les chinois, qui utilisèrent des voiles orientables dès 250 av.J.C., et furent également les inventeurs du gouvernail d'étambot.

Conception

Les jonques procèdent d'idées très différentes des nôtres. Alors qu'en Europe on s'efforçait de réaliser des carènes reproduisant les formes du thon ou du maquereau, les chinois pensaient que l'aspect d'un bâtiment était plus voisin de celui d'un oiseau de mer flottant sur les vagues que de celui d'un poisson voguant entre deux eaux.
On dit en effet, que les formes si originales de la jonque sont inspirées de celle du canard.
D'après une autre tradition, c'est au contraire un tronçon de bambou fendu selon son axe et compartimenté par les nœuds qui auraient servi de guide aux premiers constructeurs.
L'œil peint sur la coque, commun à toutes les jonques, devait, selon la tradition, permettre au bateau de suivre la bonne route.

La coque

Ces deux versions ne s'excluent pas l'une l'autre et rendent même assez bien compte des caractéristiques de coque de la jonque :
- du canard celle-ci tient son très faible tirant d'eau avant, son maître couple sur l'arrière du milieu et sa grande largeur.
- du bambou, ses nombreuses et solides cloisons étanches qui en font, historiquement, le premier navire à tranches autonomes.
Autre originalité de la construction chinoise : la jonque ne possède pas de quille. Celle-ci est remplacée par une sorte de cadre horizontal, constitué de fortes pièces de bois, que l'on voit faire saillie sur le bordé au voisinage de la flottaison. Située sensiblement dans le plan de la fibre neutre du navire, cette armature est soumise aux efforts de flexion minimaux, conférant à celui-ci beaucoup de robustesse et de longévité.
La liaison transversale des bordés est réalisée par des cloisons bien ajustées et calfatées, formant des compartiments étanches.
Le tirant d'eau est nul à l'avant, et la jonque qui glisse sur l'eau n'a pas besoin, comme sur nos bateaux, d'une étrave pour la diviser. De fait, souvent elle n'en a pas et c'est la première cloison qui constitue l'avant, lui donnant un aspect aplati et pour nous assez inattendu.
Le premier compartiment n'est d'ailleurs étanche qu'à l'air. Des trous percés dans sa partie inférieure ( dont le nombre et le diamètre sont déterminés par une antique expérience ) permettent à la mer d'y pénétrer. Lorsque le navire s'incline au tangage, l'eau y entre en comprimant l'air, ce qui freine progressivement le mouvement. Quand l'avant ainsi alourdi se relève, il se vide, mais relativement lentement, et son ascension est ralentie. Cette sorte de "cloche" constitue un amortisseur de tangage très efficace, parfois complété par un compartiment analogue à l'arrière, où vient s'articuler le gouvernail.
En effet, la jonque, bâtiment à fond plat, est un gros dériveur qui, comme les nôtres, a besoin de plans de dérive réglables. Ce rôle est assuré par une dérive sabre au tiers avant et par un gouvernail qui peut, comme elle, être plus ou moins hissé.
Jusqu'ici, il n'y a rien qui ne nous soit familier. Mais l'originalité chinoise se manifeste par la présence sur les safrans de trous en forme de losanges, dont le nombre et les dimensions sont fixés par de très vieilles règles. Nous nous expliquons mal leur fonctionnement, mais les chinois y tiennent beaucoup et pensent qu'à surface égale ils diminuent l'effort à exercer sur ces apparaux.
Bien entendu, il ne s'agit là que des caractéristiques générales des jonques, dont il existe un grand nombre de types, très diversifiés en raison de leur adaptation à leur fonction ou aux conditions locales de navigation et d'emploi.
Plus simples, les embarcations, ou sampans, sont cependant construites selon les mêmes principes.

Gréement

En ce qui concerne le gréement, les chinois ont eu à choisir entre les avantages des voiles carrées et des voiles latines. Ils ont résolu ce problème en développant un compromis, le gréement au tiers, qui chez nous n'existe que sur les lougres, mais ils en ont probablement tiré le meilleur parti tant du point de vue du rendement que de la facilité de maneuvre.
Complètement lattées, les voiles, qui font irrésistiblement penser à des ailes de chauve-souris, ont une forme sensiblement elliptique, très favorable du point de vue de l'aérodynamique.
Cette disposition, qui leur permet de se plier toutes seules en accordéon lorsqu'on les affale, fait de la prise d'un ris l'opération la plus simple du monde.
A l'inverse la présence à bord de petits treuils de manœuvre en rend le hissage très aisé.
Ajoutons que les mâts multiples existent en Chine au moins depuis le IIIè siècle et que le gréement de la jonque peut se balancer avec une extrême précision.
La jonque grée des voiles au tiers en toile de coton ou en nattes de jonc, sous-tendues par des lattes de bambou, qui, selon la taille du bateau, peuvent être très grosses et sont toutes reliées par une écoute à une patte d'oie, ce qui simplifie les prises de ris.
Chaque vergue porte une embrasse enserrant le mât.
La jonque a beaucoup évolué au cours des âges. On peut cependant assurer que dès le IVè siècle de l'ére chrétienne ses caractéristiques essentielles étaient bien fixées.
Aujourd'hui, on ne voit plus de grosses jonques ; les bâtiments de 300 t sont devenus exceptionnels, alors qu'il en a existé de quelque 15.000 t .

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